L'éperon Migot (AD+, 500m) au Chardonnet
nous avons passer pas mal de nuit en bivouac au dessus du refuge Albert 1er, avec à chaque fois ce magnifique sommet en guise de décor.
L'entreprise paraissait raisonnable, mais voilà : le mois de mai a été occupé à grimper, le mois de juin etait plutôt mal parti, nous n'avions donc fait encore aucune sortie alpi cette année. Quelle drôle d'idée d'aller grimper un truc pareil sans entraînement !
L'arête Forbes était plus facile mais moins directe. L'éperon Migot semblait être la meilleure option pour nous.
Nous sommes donc parti là bas il y a deux semaines pour tenter notre chance. Malheureusement, le mauvais temps et ma forme physique très moyenne nous ont rappelé à la raison. Semaine suivante, nous retentons notre chance, avec Bernard et Francis pour nous accompagner. Cette fois ci, ce sera la bonne ! Plus de place au refuge, nous montons donc avec les affaires de bivouac, comme souvent quand nous allons là bas.
Francis et Bernard à la sortie du telésiège
Nous prenons la telecabine au Tour, puis nous marchons tranquillement jusqu'au refuge, pour poser notre bivouac.
C'est blindé de monde! Comme d'habitude, un beau weekend en vue est synonyme de foule, mais pas grave, ca sera tout de même sympa.
Médine constate que le Chardonnet se fait bien discret
Les abords du refuge Albert 1er
Médine et Bernard posent devant l'objectif du jour, le Chardonnet
La nuit est calme, sans nuage, mais le réveil à 2h30 est dur ! Nous nous préparons et partons sur la trace classique du col supérieur du Tour, pour ensuite bifurquer vers la base de l'éperon, à droite du départ de l'arête Forbes. La montée est encore longue jusqu'à la rimaye, et nous avons le temps de chauffer les cuisses! Arrivé à la rimaye, nous nous équipons en sangle et coinceur, car la voie se protège bien sur les rochers.
La neige est portante et la trace facilite la montée
La goulotte se protège bien, elle est complètement en glace mais passe facilement
On voit ici la fin de l'arête Forbes
La rimaye passe bien a gauche, puis j'entame une longueur facile en mixte, en traversée ascendante vers la gauche. De la, une pente de neige tranquile nous amène au pied de la goulotte. Celle-ci, qui semblait terrifiante vue de loin, n'est finalement pas bien mechante, surement 50° en glace, avec de bonnes protections sur broche ou rocher. Je fabrique un relais au dessus pour assurer mes compagnons, puis je passe la main à Bernard. Francis ayant eu un problème technique, est resté au bivouac, dommage !
Nous sommes donc a trois, et Bernard prend la tête pour la dernière partie de l'ascension, un couloir en neige suspendu dans le vide, qui semblait assez court mais qui au final nous demandera beaucoup d'effort ! Il ne reste plus qu'à escalader le dernier ressaut rocheux pour savourer le plaisir d'arriver au sommet.
Nous avons un peu explosé l'horaire, et il nous faut donc descendre sans trainer. nous déescaladons le rocher en continuant sur l'arête, puis nous traversons une fine trace neigeuse pour arriver au fameux couloir de descente. il est plutôt long, mais la neige porte encore bien. Plus bas, nous atteignons enfin les rappels, de 50m deux fois, pour arriver sur un nouveau couloir, ou plutôt une bosse de neige parcemée de rimayes et crevasses fort sympathiques.
La vue depuis le sommet est magnifique
Il faut maintenant traverser une fine arête pour rejoindre la descente
Voici le cheminement de la course
Nous redescendons le lendemain du refuge pour retourner dans la vallée
Nous atteignons enfin le glacier après un dernier rappel rive droite qui facilite le passage de la rimaye. A cette heure-ci (c'est à dire très très tard !) Les ponts de neige sont en soupe molle, genre glace à la vanille qui a passé la journée sur la plage arrière de la voiture un beau jour de juillet. Je passe devant, histoire de tester ma patte de lapin que je viens d'acheter au Vieux Campeur, mais tout tient ! La mort n'est pas très loin cependant, car nous traverserons chacun notre tour une jambe sur un pont de neige moisi. Après tout ces efforts, nous arrivons pour l'heure de l'apero au bivouac, mais il est trop tard pour descendre dans la vallée, la dernière cabine est déjà descendu depuis belle lurette.
Nous passerons donc encore une nuit au refuge, avant de rejoindre la voiture le lendemain frais et bien reposé, pour reprendre la route après un bref apero.
Par Ozan.